Couteau corse : quel couteau de poche choisir ?

Parmi nos belles régions qui ont chacune leur couteau de poche emblématique, il y a bien sûr l’île de beauté ! La Corse est le terroir d’origine de nombreuses lames à l’acier aussi trempé que leur caractère.

Le couteau corse est une institution, et son histoire est aussi riche que celle de l’île. Des couteaux locaux, à l’avènement d’un couteau symbolique, vous saurez tout sur les secrets des lames corses et sur le couteau incontournable à choisir !


Le couteau, une institution en Corse

Comme de nombreuses régions où la nature est reine, la Corse s’est développée des siècles durant autour de l’élevage et l’agriculture. Et qui dit tradition agricole, dit couteau. En effet, c’est dès 10 ans que tout jeune garçon corse recevait traditionnellement son couteau, comme un rite de passage à l’âge adulte. Sa lame l’accompagnerait alors dans toutes ses tâches de jeune berger, paysan ou pêcheur.

De mémoire d’homme, chaque insulaire a donc toujours possédé un couteau. Avant l’ère industrielle, ce couteau était bien souvent une fabrication maison. Les manches étaient typiquement taillés dans la corne des bêtes environnantes, matériau facilement disponible pour les bergers, et la lame confectionnée avec des restes d’outils.

Au mieux, le Curnicciolu, ou couteau de berger, était fabriqué sommairement par le forgeron du village voisin, mais là encore la priorité était à la robustesse, non à l’esthétisme. Pas de design particulier pour le couteau corse, donc.


Un ou des couteaux corses ?

Comme les couteaux corses ont longtemps été fabriqués artisanalement et ce par chaque famille ou presque, il n’y avait historiquement pas un modèle de couteau corse, mais quasiment autant que de corses eux-mêmes.

La forme du manche, la taille de la lame, d’un seul tenant ou pliant, chaque couteau était confectionné pour remplir une fonction particulière.

Ce n’était par exemple pas le même ‘cahier des charges’ pour un couteau de berger qui allait lui servir aux champs et pour son casse-croûte, que pour celui du pêcheur qui s’en servait pour écailler son poisson.

Et c’est bien logique. La Corse est une île tellement riche de milieux naturels différents, entre mer et montagnes, qu’elle compte également de nombreuses professions, et donc autant d’utilisations possible des couteaux de travailleurs.

Le chasseur du maquis avait besoin d’une lame courte et droite pour dépecer son gibier, le marin une lame courbe pour ses filets. Difficile alors d’élire un de ces couteaux comme le représentant de l’île de beauté !


Couteau corse de légende : l’histoire du Vendetta

Après des siècles d’agriculture, la Corse commence à développer son industrie touristique au XIXème siècle, peu après la parution des premiers romans vantant sa beauté, comme l’œuvre de Mérimée.

Et comme l’île ne comptait donc pas encore de couteau emblématique, deux commerçants d’Ajaccio eurent l’idée d’en créer un, flairant la bonne affaire face à la demande croissante des touristes en quête d’un souvenir.

Pourquoi un couteau comme souvenir ? Parce que la Corse était alors dépeinte dans la littérature comme une terre dangereuse et vengeresse.

Les deux comparses choisirent alors le Temperinu, un couteau élégant à la forme effilée, pour en faire le couteau typique à vendre aux touristes. Ils le rebaptisèrent pour l’occasion Vendetta Corsa, et chargèrent son caractère folklorique à grand renfort d’ornements, comme une tête de maure ou des devises de brigand (en italien, le plus souvent…) gravées sur la lame.

Inutile de dire que si les touristes s’en délectaient, les couteliers corses ne l’appréciaient guère !


Réhabilitation et lettres de noblesse du Vendetta

Depuis les années 1990, le Vendetta corse a retrouvé ses lettres de noblesse. En effet, certains couteliers insulaires ont choisi de reprendre en main ce traditionnel couteau corse, et de lui rendre son apparence plus sobre et surtout moins caricaturale.

Aujourd’hui, le Vendetta est un très beau couteau corse, aux lignes pures et à l’esthétique élégante. On lui a ôté ses apparats de folklore, pour garder la forme de son manche originale et sa mitre singulière, alliant tradition et modernité.

Son manche peut toujours être gravé d’une tête de maure, sur les bois clairs, et est pourvu d’un ressort finement ciselé. Sa lame en inox, au fil très fin, est en partie brossée pour un fini mat, avec marquage Vendetta Corsa, pour rappeler son histoire.

Ces éléments traditionnels sont aujourd’hui parfaitement restitués grâce aux maîtres-couteliers rigoureux, comme ceux de Thiers, qui font perdurer le Vendetta comme un couteau corse noble et traditionnel.

Cette très belle pièce de coutellerie a su traverser les époques et les controverses, pour devenir iconique. Nul doute que le Vendetta a encore de beaux jours devant lui, et sera transmis de babbo (grand-père) en petit-fils corse pendant de nombreuses générations !