Zoom sur le couteau Le Thiers

Si le nom de la ville de Thiers est connu dans le monde entier, c’est bien sûr pour son rôle historique dans la coutellerie artisanale haut de gamme. Victime de son succès, Thiers s’est vu au fil des ans détourner son nom par divers couteliers artisanaux ou industriels, pas toujours apparentés à la région ou au savoir-faire ancestral.

C’est ainsi qu’est née l’idée d’en faire une appellation régionale, et de redonner ses lettres de noblesse à un couteau déposé : Le Thiers ! Retour sur une histoire de sauvetage de patrimoine et d’honneur.


La coutellerie de Thiers à travers les âges

La ville de Thiers, en Auvergne, est connue dans le monde entier pour son artisanat. Sept siècles de fabrication de couteaux forcent le respect ! Et pourtant, dans ce bassin artisanal, on a toujours fabriqué les couteaux des autres régions, que l’on exportant ensuite. De nombreux modèles célèbres sortent ainsi des fabriques thiernoises : le Laguiole, l’Issoire, le Yatagan basque ou encore le Langres sont en réalité produits dans le bassin de Thiers.

Et pourtant, avec tout ce savoir-faire, la région de Thiers n’avait pas pour autant de couteau emblématique ! L’Aurillac ou l’Auvergnat sont les couteaux artisanaux les plus proches géographiquement, mais aucun ne portait le nom de Thiers.

De plus, le nom n’étant pas déposé pour un modèle spécifique, de nombreux couteliers étrangers se sont mis à apposer le célèbre nom sur leurs couteaux, pouvant ainsi induire en erreur les utilisateurs quant à la qualité et la provenance géographique de leur pièce. Partant de ces constats, un groupe de couteliers Thiernois décide donc de créer un modèle déposé, Le Thiers.


Le Thiers, modèle déposé

En 1993, un groupe d’amis couteliers ou designers du bassin Thiernois décide de définir un modèle qui sera le couteau emblématique de la région. Les copains fondent alors un association portant le nom de la Confrérie du Couteau Le Thiers. Ensemble, ils dessinent un modèle de couteau 100% local qui sera présenté un an plus tard, le 7 novembre 1994, puis déposé à l’INPI.

Pour pouvoir réaliser un couteau d’appellation contrôlée, il devient donc indispensable d’être coutelier fabricant, issu du bassin de Thiers, et adhérant à la Confrérie. En devenant membre, le coutelier peut alors interpréter sa version du couteau étalon, à condition de respecter un cahier des charges exigeant. Le Thiers devient ainsi un couteau non délocalisable, et un gage de qualité, conformité et traçabilité.


Un modèle étalon à s’approprier

L’idée de génie de la Confrérie fut de déposer un modèle étalon, garantissant un certain nombre de qualités, mais personnalisable, de façon à ce que chaque coutelier puisse se l’approprier. Le modèle étalon est un couteau intemporel, moderne mais reconnaissable entre tous.

Déplié, le couteau a une forme de double vague à la courbe continue et régulière. La hauteur de la tête du manche doit être plus importante que celle de son cul, et les deux extrémités présentent une pente inversée. Les prises de liberté quant à la courbure et à la forme générale se sont pas acceptées.

En suivant ce modèle, chaque fabricant membre de la Confrérie qui souhaite proposer son interprétation doit présenter un prototype au Conseil de Jurande, un collectif de contrôle créé à l’image des anciennes jurandes des maîtres-couteliers. Celui-ci doit donner son accord pour que la fabrication puisse être lancée. Toutes les étapes de celle-ci, ainsi que toutes les pièces détachées, doivent impérativement être réalisées dans le bassin Thiernois.

Afin d’éviter les contrefaçons ou les modèles non approuvés par la Confrérie, Le Thiers est doté de signes distinctifs : un logotype est apposé en creux sur le ressort, et une gravure est effectuée sur la lame.


Avenir assuré pour Le Thiers

La Confrérie à l’origine de la création de ce couteau est aujourd’hui composée de plus de 200 membres. Si tous ne sont pas des professionnels du couteau, tous en sont amoureux et partagent les mêmes valeurs. Ils sont maîtres-artisans, amateurs, ou encore collectionneurs, mais la Confrérie n’est pas elle-même fabricante du couteau Le Thiers. Ce sont ses couteliers adhérents, tous recensés, qui assurent la fabrication.

La liste est régulièrement mise à jour, et consultable pour que le consommateur puisse s’assurer de l’authenticité de son couteau. A ce jour, ce ne sont pas moins de 46 fabricants (dont la fabrique Gilles Reynewaeter), 4 distributeurs agréés et 9 couteliers d’art se partagent la production.

L’objectif principal de la Confrérie elle-même, en plus de garantir l’authenticité du couteau Le Thiers, est de faire découvrir toute la coutellerie thiernoise. A travers des visites et ateliers découverte de montages de couteaux, la Confrérie perpétue la connaissance et le savoir-faire ancestral de cette région unique dans l’univers de la coutellerie.

Le couteau Le Thiers, ainsi que tout le patrimoine vivant du bassin, voient leur avenir assuré grâce à ce groupe de passionnés qui eut un jour la drôle d’idée de défendre ses couleurs !


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